Cette publication est définitivement plus personnelle que mes articles habituels. Une première version de ce texte a été écrite en avril 2021 suite aux dénonciations de maltraitance animale par le biais de "La Voix de l'Est", dans le but de dénoncer à mon tour des gestes moins spectaculaires, mais tout autant inacceptables. Je le fais en premier lieu en tant que propriétaire de chien et non en tant que professionnel puisque ces incidents ont eu lieu alors que je ne connaissais pratiquement rien du monde canin.
Les événements que je m’apprête à relater se sont produits il y a près de 12 ans et malheureusement, des pratiques similaires se produisent encore régulièrement de nos jours. Les dresseurs désuets et dangereux sont aussi nombreux qu’à l’époque, mais la bonne nouvelle est que les éducateurs compétents sont maintenant beaucoup plus faciles à trouver. Voilà donc une histoire à laquelle je repense encore quotidiennement, même si plus d’une dizaine d’années s’est écoulée depuis.
Ce n'est que plus tard que j'ai appris que la profession n'est pas réglementée, qu'elle est remplie de charlatans, et que non, cette dresseuse ne savait pas ce qu'elle faisait. En fait, elle ne savait pas qu’elle ne savait pas, probablement par manque de formation continue ou d’ouverture à remettre en question ses connaissances antérieures. Bien sûr, elle utilisait aussi la nourriture comme récompense, pouvant ainsi clamer utiliser le renforcement positif. Mais le fait d'utiliser les récompenses ne compense en rien l'usage de la peur et de la douleur. En fait, les recherches démontrent que c’est même pire, mais ce sera le sujet d’un autre article.
Résultats de cette maltraitance: Kiana a encore à ce jour peur des humains qui approchent les mains vers elle et moi je repense à ces images presque quotidiennement. Je m'en veux terriblement de ne pas avoir réagi autrement, de ne pas avoir arrêté ces agressions injustifiées, d'avoir fait confiance à une dresseuse qui n’est en rien une professionnelle malgré les dizaines d’années d’expérience.
Par la suite, j'ai travaillé avec une autre dresseuse, moins violente, mais tout aussi erronée. Cette dernière enseignait à faire des simulations de morsures (donner des coups avec les doigts dans le visage de ma chienne) et à être son "leader". Bien que moins dangereuses, ces techniques sont tout aussi inappropriées et synonymes d'incompétence.
Ce n'est qu'à la troisième intervenante, Nancy Tucker, où j'ai finalement trouvé une professionnelle à jour et adéquate qui a pu m'aider à entraîner Kiana convenablement et à lui redonner confiance. C'est d'ailleurs grâce à elle, ayant agi à titre de mentore, si je suis aujourd'hui un professionnel dans le domaine.
Malheureusement, mon métier de consultant en comportement canin m'a mené à entendre des histoires encore plus terribles de la part de clients et la liste des charlatans qui utilisent la peur et la douleur dans la région est encore très longue.
Les histoires ne manquent pas: J’ai vu des chiots timides, terrorisés, plaqués au sol pendant qu'une meute venait les sentir, chien après chien, pour "donner confiance" au chiot. J’ai écouté le récit bouleversant de clients dont leur chien a été battu à grands coups de pieds devant leurs yeux. On nous a déjà consultés pour un chien qui avait peur de sortir de son tapis, car on lui avait appris à rester dessus en l'électrocutant ou l’étranglant dès qu'il en sortait (en passant, je peux apprendre cela à votre chien en 5 minutes avec de la nourriture). Des propriétaires à qui on a demandé de pendre leur chien au bout de la laisse quelques minutes avant les séances d’entraînement, de façon à ce qu'il manque d'air et qu'il soit calme par la suite. Ces conseils que je n'ai malheureusement pas exagérés viennent tous de faux "professionnels".
Ces dresseurs continuent de terroriser des chiens quotidiennement, car ils pratiquent toujours ce métier. Les principales raisons pour lesquelles il est encore possible pour ces gens de pratiquer sont d’une part, parce que le gouvernement ne fait rien pour réglementer la profession, même s’il s’agit d’une question de sécurité publique, mais aussi parce que le public n’est généralement pas assez éduqué à savoir comment trouver un intervenant compétent. C’est donc sur cette deuxième raison que je tente d’avoir un impact en éduquant le plus de propriétaires possible pour ainsi limiter ces erreurs difficilement réparables. Vous pouvez lire un de mes articles sur le sujet ici même.