La cage est un outil qui suscite énormément de débats. D'un côté, on trouve les amateurs de sports canins qui considèrent la cage comme quelque chose d’essentiel à la réussite de leur athlète à quatre pattes. Et à l’autre bout du spectre, des pays comme la Finlande et la Suède interdisent l’utilisation prolongée de la cage, notamment la nuit ou en l'absence du propriétaire.
D'entrée de jeu, je tiens à annoncer mes couleurs. Je crois que la cage peut être un outil utile lorsqu'elle est utilisée avec discernement (par exemple, pour le transport, comme zone de repos ou pour l’apprentissage de la propreté), mais qu'elle est loin d’être essentielle, et surtout, elle ne convient pas à tous les chiens ! De plus, je considère qu’elle ne devrait pas être utilisée sur de longues périodes.
On entend souvent parler d’anxiété de séparation, mais il existe aussi des troubles apparentés à la claustrophobie, souvent qualifiés de détresse de confinement. Lorsqu’un chien ne parvient pas à être à l’aise en cage, je crois qu’il n’est pas nécessaire de s’acharner sur ce problème, car la cage peut être substituée par plusieurs autres stratégies.
Il est important de souligner que même un chien ne manifestant pas de trouble associé à l’isolement aura besoin d’une introduction lente et méthodique pour apprendre à apprécier de se retrouver en cage pour de courtes périodes.
De nombreux chiots ont été exposés à la cage chez l’éleveur, mais ces expériences sont parfois associées à des expériences négatives, car l'introduction peut avoir été trop rapide. Je recommande vivement de recommencer le processus depuis le début avec une nouvelle cage lorsque le chiot sera à l’aise dans son nouveau milieu. Ce n’est surtout pas une priorité au premier jour suivant l’adoption du chiot.
Avant même de penser à habituer votre chien à la cage, il faut réfléchir au type de cage qui conviendra à vos besoins. Il existe des centaines de modèles, mais ils se regroupent généralement en trois catégories.
Ces cages sont pratiques, car elles offrent une bonne circulation d’air, sont légères, faciles à transporter et à nettoyer. Cependant, elles sont bruyantes et peuvent s’avérer effrayantes pour les chiens plus sensibles aux bruits. De plus, puisqu’elles sont généralement pliables, il arrive qu'avec des manipulations maladroites, la cage se replie sur l’animal, ce qui peut causer du stress et rendre l’utilisation de la cage difficile après un tel incident.
Les cages en plastique sont solides et ne présentent pas le risque de blessure que peuvent causer les cages métalliques pliables. Elles sont généralement moins bruyantes et offrent parfois des avantages comme une ouverture sur le dessus ou une porte qui peut s'ouvrir des deux côtés. Sa rigidité en fait un bon choix comme cage de transport dans la voiture. Cependant, elles sont plus encombrantes et l’air n’y circule pas aussi librement.
Ces cages très légères et faciles à transporter sont surtout pratiques lors de nos déplacements à l’extérieur ou en voyage. Moins résistantes, ces cages conviennent davantage à un chien adulte qui ne mordille pas et qui est calme.
Peu importe le type de cage choisi, il sera important de choisir une dimension appropriée. Le chien devrait être en mesure de se coucher sur le côté, pattes étendues, et de pouvoir s'asseoir sans devoir baisser la tête. On suggère même d’ajouter quatre pouces à ces mesures pour être certain que le chien y soit bien. La cage idéale est donc assez grande, même pour les petits chiens. Il est aussi important de rendre la cage douillette, par exemple en ajoutant un tapis en mousse, à condition que le chien ne soit pas enclin à le déchirer ou à l'ingérer.
L’emplacement de la cage est aussi quelque chose d’important. On veut trouver un coin tranquille pour que le chien ne soit pas trop dérangé lorsqu’il se repose, mais on veut également qu’il soit en mesure d’être témoin de l’action dans la maison pour ne pas se sentir isolé de la vie familiale. Il est souvent pertinent d’avoir plus d’une cage dans la maison pour que votre chien puisse vous suivre selon vos activités dans la journée.
Pour le chien, l’introduction à la cage devrait être un jeu. La cage doit absolument être synonyme d’activités agréables et positives. Ce processus doit se faire de façon très lente et calculée. Le chien doit guider la progression en fonction de son niveau de confort.
Avant de commencer le travail, il est essentiel de se rappeler qu’il ne faut en aucun cas mettre le chien directement dans la cage, par exemple lorsqu’on quitte la maison ou pour éviter qu’il fasse ses besoins à l'intérieur. Dans ces situations, je recommande l’utilisation d’un grand enclos qui sera moins anxiogène pour la plupart des chiots. La seule exception où l'utilisation de la cage préalablement à l'introduction graduelle serait appropriée est la nuit, lorsqu'elle est située directement à côté des gardiens et qu’il est possible de réconforter physiquement le chiot. Cependant, même dans ce contexte, je préfère l’utilisation d’un enclos ou d’un petit lit près des humains (voir la publication concernant les premières nuits).
Pour maximiser les chances que la cage soit appréciée de votre chien, il est nécessaire de procéder de manière graduelle, une étape à la fois, sans précipiter les choses. Le chemin le plus rapide est toujours de respecter le rythme de votre chiot. Si votre chien a déjà une opinion négative de sa cage, il pourrait être aidant de recommencer avec une nouvelle cage qui ressemble le moins possible à celle qu’il n’aime pas.
Laissez la cage ouverte et accessible en tout temps. Déposez des friandises dans la cage et laissez votre chien les découvrir par hasard. Une fois qu’il les a trouvées, ajoutez-en d’autres, sans qu’il s'en rende compte. Laissez-le découvrir pendant les prochains jours que la cage est une source de surprises renouvelées comme par magie !
Commencez à donner les repas dans la cage, en gardant la porte ouverte. La cage deviendra un lieu associé à une activité très plaisante. Profitez-en également pour donner des friandises à mâcher (ex. : sticks à mâcher) dans la cage, toujours avec la porte ouverte.
Lorsque le chien commence à aller dans sa cage de lui-même, n’hésitez pas à lui donner des gâteries (vers le fond de la cage, et non près de la porte) dès qu’il y rentre volontairement. Vous pouvez également, par la suite, lancer une friandise de moindre valeur à l'extérieur (comme des croquettes pour chien) et voir s'il rentre de nouveau pour obtenir sa gâterie au fond de la cage. Donnez-en quelques-unes dans la cage, puis lancez-en une à l'extérieur pour qu'il comprenne que la nourriture vraiment excellente vient seulement lorsqu'il est dans sa cage.
Lorsque le chien sera à l’aise d'entrer dans sa cage pour y obtenir de la nourriture, commencez graduellement à fermer la porte. Au début, contentez-vous de faire bouger la porte, puis une friandise apparaît au fond de la cage. Progressivement, la porte se fermera de plus en plus, mais à chaque fois, de la nourriture apparaîtra dans le fond de la cage.
Lorsque le chien sera à l’aise d’avoir la porte fermée, sans la clencher complètement, habituez le chien au son du verrouillage alors qu'il n'est PAS dans la cage. Verrouillez la porte, puis donnez de la nourriture au chien qui vous regarde de l'extérieur de la cage. Lorsque vous êtes certain que le chien n'a aucune réaction à ce son, répétez l'expérience alors qu'il se trouve dans la cage. Dès que vous avez terminé de donner la nourriture, rouvrez la porte de la cage. À ce stade, le chien doit toujours être libre de sortir de la cage s'il le désire.
Maintenant que votre chien est à l'aise dans sa cage avec la porte fermée pendant quelques secondes, il est temps d'augmenter la durée. Pour ce faire, fermez la porte de la cage et commencez à donner de la nourriture régulièrement (toutes les 2 à 5 secondes) dans le fond de la cage. Au début, vous pouvez maintenir la porte fermée pendant peut-être 10 secondes, puis augmenter progressivement d'exercice en exercice. Il est important, cependant, que la durée ne soit pas toujours croissante. Revenez régulièrement à des durées plus courtes. Par exemple, fermez la porte pendant 10 secondes, puis 15, ensuite 5, puis 20, 25, 20, 10, 30, etc., jusqu'à atteindre une durée d'environ 3 minutes.
À partir de cette étape et pour la suite, assurez-vous que votre chien soit sorti pour faire ses besoins préalablement et qu'il ait dépensé amplement d'énergie, car les séances seront de plus en plus longues. Continuez à augmenter la durée progressivement, mais utilisez un jouet interactif rempli de nourriture, comme un Kong garni de beurre d'arachide ou de nourriture en canne (on peut même le congeler pour qu’il dure plus longtemps). Il est important de rester à côté de la cage pendant ce processus. On n’apprend pas au chien à rester dans sa cage en même temps qu’on lui apprend la solitude. Ce sont deux entraînements qui doivent se faire séparément. Assurez-vous d'ouvrir la porte avant que le chien ait terminé de manger.
La prochaine et dernière étape est très similaire, mais vous ouvrirez la porte seulement 30 secondes après que le chien ait terminé de consommer sa gâterie de longue durée. Puis, de fois en fois, augmentez le temps à rester tranquille dans la cage après avoir terminé de manger. N’oubliez pas de revenir fréquemment à des durées plus courtes. Pendant que le chien mange, commencez à quitter graduellement la pièce où se trouve la cage pendant qu'il consomme toujours de la nourriture. Au début, vous pouvez simplement vous lever et bouger un peu, puis avec le temps, quittez la pièce pendant quelques secondes. Au fil du temps, vous pourrez quitter la pièce pendant des minutes complètes, tandis que votre chien s’affaire toujours à manger.
Bien entendu, cette procédure est une technique suggérée qui devrait fonctionner pour la plupart des chiens, mais chaque animal étant unique, il est fort probable qu'il soit nécessaire d’adapter certaines étapes selon la capacité de votre chien. N’hésitez pas à contacter un professionnel en comportement pour vous aider à personnaliser cette approche.
Voici quelques recommandations afin de s’assurer que la cage reste un endroit sécuritaire et apprécié par votre compagnon.
Évitez de laisser votre chien paniquer dans la cage. S’il s'agite et est inconfortable, cela indique que le travail a peut-être été un peu trop rapide. Il sera nécessaire de revenir en arrière pour établir une bonne fondation ou de contacter un professionnel. Certains pensent qu'il faut laisser le chien pleurer pour éviter qu'il apprenne à sortir de la cage s’il pleure. Je ne suis pas en accord avec cette façon de penser. Il est important de garder en tête qu’un chien ne devrait pas avoir à pleurer, car il devrait être heureux de se retrouver dans sa cage. Le laisser pleurer lui enseignerait probablement qu’il ne peut pas vous faire confiance pour répondre à ses besoins. Il cessera d'exprimer sa détresse avec le temps, mais il ne se sentira probablement pas mieux dans cet environnement, mais plutôt impuissant et résigné.
La cage ne devrait jamais être une punition. Si vous avez besoin d’une pause, utilisez plutôt l’enclos de votre chien ou changez vous-même de pièce.
Un chien ne devrait jamais être laissé plus longtemps que deux ou trois heures dans un espace aussi restreint qu’une cage. Selon moi, la seule exception serait la nuit, où l’on s’attend à ce que le chien dorme une grande partie de ce temps.
Évitez de laisser des objets dans la cage susceptibles d'être ingérés ou détruits par le chien. Ne jamais laisser le harnais ou la laisse du chien lorsqu'il est confiné pour éviter qu’il ne se coince et s’étrangle.
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N’hésitez pas à nous contacter si vous avez besoin d’accompagnement dans ce processus!